Par Nicolas Dussault, directeur pédagogique
La créativité, ce n’est pas un « don du ciel », ça se développe et ça se pratique. Voici quelques pistes pour vous aider à devenir des instrumentistes ou chanteurs plus créatifs tout en vous amusant!
Jouer une partition écrite de façon plus créative
Une fois une pièce ou chanson apprise, pourquoi ne pas l’interpréter de façon différente de ce qui est normalement attendu?
- Choisir de nouvelles nuances
- Changer le tempo de la pièce
- Ajouter des appoggiatures et fioritures personnelles
- Jouer les croches en swing, ou en « galop »
- Dans une valse : doubler la durée du 3ème temps
- Dans une pièce à 4 temps : réduire de moitié la durée du 4ème temps
- Écrire des paroles sur une mélodie instrumentale
- Composer une nouvelle introduction ou finale
- Varier le style général de l’interprétation
- Se laisser aller à de grands accelerandos et rallentandos (molto rubato!)
- Improviser une cadence
- Changer les mots d’une pièce vocale ou chanson
Une création musicale par jour !
Plusieurs diront qu’ils n’ont pas le temps. Mais si ça ne prenait que deux ou trois minutes par jour?
- Se laisser aller à une petite improvisation
- Laisser le hasard guider les doigts vers un enchaînement d’accords inusité
- S’amuser quelques minutes sur une application musicale créative
- Composer un refrain sous la douche
- Interpréter une pièce de façon différente
- Frapper quelques rythmes avec les doigts sur son bureau
N’ayez pas peur, osez!
Vous m’en donnerez des nouvelles!
Pour les plus curieux, voici un peu d’histoire!
Il est possible qu’on ne vous ait pas enseigné de pratiques créatives lors de vos cours de musique. Voici une tranche d’histoire qui explique en partie pourquoi l’interprétation a eu largement préséance sur la créativité dans les traditions pédagogiques des 150 dernières années.
Les Bach, Mozart, Beethoven, Chopin, Liszt étaient reconnus non seulement pour leur talent de compositeur, mais aussi comme de grands improvisateurs. À partir de la fin du 19ème siècle, les grandes écoles de musique et conservatoires occidentaux ont voulu former des interprètes de haut niveau : des musiciens et chanteurs capables d’interpréter sans faille les pièces les plus exigeantes du répertoire. Pour y arriver et par soucis d’efficacité, on a retiré des programmes plusieurs éléments axés sur la création musicale, réservant ceux-ci à des groupes plus restreints d’élèves désirant faire carrière en composition.
Pendant ce temps, de grands pédagogues tels Orff et Jaques-Dalcroze plaçaient la créativité au centre de leurs pratiques notamment auprès des enfants. Ceux-ci trouvaient rarement écho auprès des institutions d’études supérieures voués à la formation des maîtres.
Il a fallu attendre les années 1960 pour observer une diversification graduelle des approches pédagogiques. À ce moment, le jazz et la musique populaire se sont progressivement taillé une place dans les grandes institutions d’enseignement musical, contribuant non seulement à diversifier les profils de formation, mais aussi à démocratiser les pratiques créatives souvent alors réservées aux compositeurs de métier, aux organistes, aux musiciens jouant « à l’oreille » ou associés spécifiquement au jazz.
Malgré tout, l’approche pédagogique traditionnelle, d’une efficacité redoutable lorsqu’il s’agit de former des interprètes de haut niveau, occupe encore une grande place dans l’échiquier pédagogique musical occidental.
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